Elisabeth Horem

Pourquoi j’écris ? Le moyen de ne pas écrire ? Comment tolérer tout ce désordre, ce chaos d’impressions, ce fracas de lumières et d’ombres dont nos jours sont faits ? Et le Temps, comment supporter le Temps ? Est-ce qu’on peut dormir tranquille alors qu’autour de nous tant d’énigmes chuchotent, cachées sous la surface des choses ? Cela ne vous inquiète pas, vous ? Il faut bien mettre un peu d’ordre dans tout ce bonheur éparpillé, en choisir quelques morceaux significatifs et les emporter sous son manteau, solidement ficelés dans des mots clairs et sonnants. Alors enfin on tient quelque chose, on peut voir venir, et on en arrive même à se dire, en caressant ce petit bonheur portatif, qu’au fond tout cela n’est pas si grave et qu’il ne faudrait pas avoir peur. J’écris pour me rassurer. Parce que écrire, comme rire, est le propre de l’homme. Et je vous retourne la question :
« Pourquoi n’écrivez-vous pas, vous ? »