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Elisabeth Horem : voyager et écrire
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Le roman des périls
À propos de La Mer des Ténèbres
Le Proche-Orient, les ruines de Palmyre, Alep, Damas et le site antique de Pétra comptent parmi les étapes de La Mer des Ténèbres, dernier livre d’Elisabeth Horem qui réunit trois fictions. Dans la première, «Ta langue est ta monture», l’écrivaine franco-suisse raconte les voyages de Johann Ludwig Burckhardt. Cet explorateur né à Lausanne a visité une partie du Proche-Orient entre 1809 et 1815 en se faisant passer pour musulman. Ce premier volet au ton âpre montre un homme sans cesse sur ses gardes (il ne doit rien révéler de ce qu’il est, au risque d’être tué), se déplaçant dans des conditions extrêmes entre chaleur, froid, soif et faim, qui traverse donc sa «mer des ténèbres» à sa façon. Cette métaphore relie les trois parties de l’ouvrage, la dernière reprenant par ailleurs les fils des deux précédentes.
Qu’il s’agisse du danger au Levant, de la déportation outre-mer de deux jeunes Anglais («Les Bâtisseurs») ou du périple d’une femme qui, à bord d’un cargo, cherche oubli et apaisement sans vraiment les trouver («L’Impossible Reconstitution de l’Abbaye de Westminster»), les différents protagonistes traversent tous des épreuves. Dans «L’Impossible…», le voyage prend l’aspect d’une odyssée familiale, quête de compréhension d’une histoire ancienne dont subsistent seulement quelques traces: des lettres de la Grande Guerre, une vieille femme rescapée du passé, un monument en bronze dédié aux déportés, voire une stèle funéraire rappelant qu’en 1817, l’intrépide Helvète Burckhardt est mort au Caire à 32 ans…
Le livre marque par sa ligne narrative qui conduit le lecteur au cœur du drame. L’auteure a recours à de longues phrases qui s’enrichissent de précisions, de reformulations, comme une révélation qui s’opère petit à petit et que rien ne pourra arrêter. La «mer des ténèbres» doit être une étape, et non un cul-de-sac, suggère-t-elle dans ces trois fictions.
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